Buffet de l’Orgue de Seysses
Fiche d’identité
Édifice-Intitulé : Eglise Saint-Roch et Saint-Blaise, Paroisse de la Saudrune
Adresse exacte : 31600 – Seysses
Tél. 05.61.56.89.80
Désignation de l’orgue : Orgue de tribune.
Emplacement dans l’édifice : Fond de la nef de l’église.
Position : Sur tribune.
Propriétaire : Commune
Personne ayant la clef : Monsieur le Curé.
Organiste Titulaire : Monsieur Jean-Philippe DEMIGUEL
Entretien : Régulier par Jean Daldosso
Protection monuments historiques : Orgue classé le 3 février 1995, partie instrumentale de l’orgue par Théodore Puget, en 1867 ; Buffet polychrome doré – provenance supposée de l’église Saint-Nicolas de Toulouse.
Historique
Orgue : L’orgue de l’église de Seysses est un instrument construit par Théodore Puget et Fils en 1867. Le buffet polychrome et doré pourrait provenir de l’église Saint-Nicolas de Toulouse. Puget a construit un instrument mécanique entièrement neuf en 1867 comportant deux claviers et pédale avec pédale indépendante. Il réutilisa quelques jeux provenant d’un orgue qu’il avait construit en 1845 (notamment la flûte de pédale). L’orgue est relevé en 1900. Quelques modifications sont alors effectuées : la pédale d’orage est supprimée, déplacement de l’appel du jeu de bombarde qui passe à la pédale. En 1948, on installe une soufflerie électrique. Mais celle-ci ne sera utilisable qu’à partir du 6 avril 1950, moment de la fin de l’installation de l’électricité en 220 volts. Monsieur Etienne Gagnère, organiste à Seysses pendant de nombreuses années, fait remplacer une doublette par un plein jeu de 3 rangs dans les années 1950. Au fil des années, l’état de l’orgue se dégrade. A l’initiative de quelques Seyssois, l’association des « amis de l’orgue de Seysses » voit le jour en février 1992. L’orgue est classé monument historique en 1995. La restauration est alors à l’étude. Celle-ci est confiée au facteur Jean Daldosso sur appel d’offres. L’orgue est démonté, les pompes et soufflets sont remis en peau, installation d’un ventilateur électrique neuf, restauration des sommiers, remplacement des parties vermoulues, remise en état de tous les mécanismes, de la boîte expressive, restauration de la tuyauterie, réalisation d’une doublette neuve en copie du reste, remontage, réglages, harmonie et accord dans le respect de l’œuvre de Puget. Les travaux sur les voûtes étant terminés, l’orgue put être remonté. L’inauguration eu lieu le dimanche 16 décembre 2001 avec Michel Bouvard à l’orgue et le trompettiste Patrick Pagès.
Depuis lors, l’instrument bénéficie, grâce au soutien de la municipalité, d’un entretien biannuel. La dernière révision décennale date de mars 2012.
Description du buffet
Le buffet en bois doré avec positif de dos postiche est antérieur à l’instrument et pourrait dater de la fin du XVIIIe siècle. Les clous forgés et le rabotage interne témoignent de l’ancienneté de ce buffet. La façade du corps principal est constituée de 3 tourelles (5 tuyaux pour la centrale, 7 tuyaux pour les extrêmes) avec tuyaux écussonnés et de 2 plate-faces de 7 tuyaux chacune. Au sommet de la tourelle centrale est sculpté un ange musicien. De chaque côté un très beau feuillage doré. Une frise de feuillage orne le haut des plate-faces et des tourelles. Une frise de fleurs orne l’entablement. Ce buffet est en parfaite harmonie avec l’ensemble de l’église. Ce buffet vient probablement de l’Eglise Saint Nicolas de Toulouse (cf. archives de Saint-Nicolas sur l’orgue).
Description de l’instrument
a) Etat actuel : Bon
b) Acoustique : Bonne, environ 2 secondes de réverbération.
c) Composition actuelle :
1e Clavier Grand-Orgue 54 notes 8 jeux | 2e Clavier Récit expr. 54 notes 8 jeux | A l’allemande Pédale 25 notes 2 jeux | Effets auxiliaires |
Bourdon 16 Montre 8 Bourdon 8 Salicional 8 Prestant 4 Doublette 2 Trompette 8 Clairon 4 | Flûte harm. 8 Gambe 8 Voix céleste 8 Flûte octav. 4 Octavin 2 Trompette 8 Htbs-Basson 8 Vx humaine 8 | Flûte 16 Bombarde 16 | Orage Tirasse GO Tirasse R Anches Ped Anches GO Anches R R / GO Trémolo Expression R |
d) Analyse interne :
1e clavier – Grand-orgue | – C1 à F5 – 54 notes. Dans l’ordre du sommier : | |
Montre | 4 | Puget, étain, entailles de timbre, en façade de G#l à A#2, Cl à Gl en bois. |
Prestant | 4 | étain, Puget, entailles au ton de C#4 à F5 |
Salicional | 8 | Puget, étain, entailles, au ton de C#4 à F5, en bois de Cl à F#l |
Bourdon | l6 | 24 dessus en étoffe à calottes mobiles sans cheminées, 30 basses en bois de pin, peints en rouge, C1 à F3, quelques tuyaux postés, Puget |
Bourdon | 8 | 18 basses en bois de pin de C1 à F2, peints en rouge, manchon en chêne, section octogonale, 36 dessus en métal, calottes mobiles, sans cheminées |
Doublette | 2 | refaite à neuf par Daldosso sur la laye d’origine sur laquelle se trouvait des tuyaux de Maurice Puget en tube de plomb, installé en 1955 : date sur faux sommier |
Trompette | 8 | Puget, étain, métal raide, anches à bec, première facture Th.Puget, noyaux carrés |
Clairon | 4 | Puget, étain, anches idem, 12 dessus à bouche. |
2e clavier – Récit expressif | – C1 à F5 – 54 notes. Disposition des jeux, dans l’ordre du sommier. | |
Voix Céleste | 8 | étain, sur le ton à partir de F2, Puget, sur sommier |
Gambe | 8 | Puget, entailles de timbre C1 à C#5, de Cl à Bl tuyaux en bois postés hors boîte, C 2 à F 5 sur sommier en étain |
Flûte Octaviante | 4 | étain, entailles de timbre de C 1 à B 1, le reste harmonique depuis C 2, Puget |
Flûte harmonique | 8 | en bois de pin peints en rouge, ouverte, sur le ton avec bavettes d’accord en étain, tout sur sommier, première octave en bourdon 8, Puget |
Octavin | 2 | étain, Puget, aplatissage triangulaire, les deux premières octaves à entailles de timbre, sur sommier |
Trompette | 8 | harmonique de Puget, étain, anches XIXe, reprise harmonique |
Basson/Hautbois | 8 | Puget, étain, taille étroite, noyaux carrés, anches bertounèche, dessus harmoniques |
Voix humaine | 8 | Puget, étain, tuyaux cylindriques, calottes avec trous sur le côté, noyaux carrés, anches à bec.
|
Pédale | – C1 à C3 – 25 notes. | |
Flûte | 16 | 2 rangs, le premier Soubasse 16 en bois, le second Flûte 8, tuyaux ouverts, en bois, basses à pavillon, Puget. |
Bombarde | 16 | en bois de pin, sur sommier, Puget |
e) Tuyauterie : Belle tuyauterie Théodore Puget dans l’ensemble. Les biseaux ont des dents. Beaucoup de tuyaux ont été abîmés par des facteurs peu consciencieux, d’autres tuyaux étaient affaissés, l’instrument était envahi par la poussière. Jean Daldosso a restauré la tuyauterie.
f) Accouplements : Récit / GO
g) Tirasses : GO et R
h) Combinaisons : Anches GO (machine pneumatique), anches R, Anches Ped.
i) Expression : Récit par cuillère à crans
j) Trémolo-Tremblant : Trémolo récit.
k) Divers : Orage
l) Console : Séparée, en avant du buffet l’organiste regarde en direction de la nef. Deux claviers de 54 notes (C1-F5), un pédalier à l’allemande de 25 notes (C1-C3). Les tirants de registres en bois ronds sont de part et d’autre des claviers en gradin. D’un côté les registres du grand orgue, de l’autre ceux du récit et de la pédale. Combinaisons par cuillères au-dessus du pédalier.
m) Traction des claviers : Mécanique. Pour chaque clavier, un grand abrégé vertical à rouleaux en bois au revers du soubassement, reliés par vergettes et équerres à des abrégés couchés sous sommier, à rouleaux en fer à pattes de lapin, double accès au grand orgue qui est à double laye, simple laye au récit ; l’appel d’anche se fait par double coulisse. Les touches sont reliées au premier abrégé par vergettes et barres d’équerres. La mécanique de pédale a un abrégé vertical à rouleaux en bois de pin sous sommier.
n) Traction des jeux : Mécanique. Elle s’exerce à l’avant des sommiers, par tirants et équerres en fer.
o) Sommiers : A gravures et registres coulissants en chêne – Sommiers de Grand orgue et de Récit perpendiculaires à la façade. Sommier de pédale dans le fond de la tribune à l’arrière des autres sommiers. Les tampons de laye sont assujettis par des traverses en bois pivotantes et dont le haut s’encastre dans des réservations en applique (système particulier à Théodore Puget)
p) Soufflerie : Ventilateur électrique – Deux réservoirs à plis alternés, superposés, compas en bois, poids en pierre – Les pompes par deux pédales à pied sont encore en place. Le ventilateur est neuf.
Documentation
a) Bibliographie : Inventaire des orgues en Midi-Pyrénées (Haute-Garonne 1982)
b) Relevés : Relevé Philippe Bachet – Devis Paul Manuel avec relevé – Photos Philippe Bachet – Remise à jour 2000 d’après étude de Jean-Pierre Decavèle.
Renseignements divers
a) Monsieur Étienne Gagnière, ancien organiste de Seysses, nous avait communiqué ces informations sur l’orgue de Seysses :
« L’orgue, daté de 1867, a coûté 20 000 F. de l’époque. Il a fait en 1900 l’objet de relevage qui a coûté 1 000 F et au cours duquel la pédale d’orage a été supprimée. On en voit encore la place à la console. Aucune intervention n’a été faite sur cet orgue jusqu’aux réparations que j’ai fait faire en 1948 sur des tuyaux rongés par les rats, l’installation de la soufflerie électrique et la pose du «Plein-Jeu». Le ventilateur n’a effectivement fonctionné qu’à partir du 6 avril 1950 (Jeudi Saint) il y avait eu un problème de raccordement au réseau électrique, il fallait le courant 220 v.
Dans les archives que nous avions retrouvées à l’église Saint Nicolas (archives qui ont été perdues mais que j’avais transcrites pour mes besoins de recherche) nous avons relevé ceci :
« Entre les soussignés Bertrance Maurice Jouglat, négociant, agissant en sa qualité de trésorier de la fabrique de l’église paroissiale de Saint Nicolas de Toulouse d’une part et Théodore Puget et fils, facteurs d’orgues à Toulouse d’autre part a été convenu sans mutuelles stipulations et acceptations, ce qui suit :
1/ Le sieur Bertrance Maurice Jouglat en sa qualité que procède fait vente pure, simple et à jamais irrévocable du vieil orgue de l’Eglise de Saint Nicolas tel qu’il se trouve avec les pièces qui le composent, moyennant la somme de quinze cents francs payable sans aucune retenue dans le délai de trois années, en trois pacte égaux de cinq cents francs chacun, comme suit :
le 31 décembre 1848 500 f
le 31 décembre 1849 500 f
le 31 décembre 1850 500 f
1 500 f
Pour le payement des dits quinze cents francs, les sieurs Théodore Puget et fils font cession au dit sieur Jouglat qui s’en contente de parcelle somme qui leur est due par la fabrique de l’Eglise de Seysses laquelle est payable en trois annuités comme il est stipulé ci-dessus, s’engageant formellement à faire accepter cette obligation par le trésorier de la dite fabrique de Seysses avant que la livraison leur soit faite du dit orgue. Le sieur Jouglat…., cette condition expresse n’ayant d’autre motif que d’éviter toute contestation entre toutes parties.
Fait en double – Toulouse le 4 février 1846
Jouglat trésorier approuvant et acceptant la présente cession – Seysses le 5 février 1846, le trésorier de la fabrique de l’Eglise de Seysses (signature illisible) – enregistré à Toulouse le neuf février 1846 – fol. 85 Ce texte semble bien confirmer que l’ancien orgue de Saint Nicolas avait été placé à Seysses, certainement tel qu’il se trouvait à ce moment-là dans l’église. Le transfert ayant été réalisé par Puget il n’est pas étonnant que nous le retrouvions en 1867 afin de faire un orgue « conforme aux nouvelles techniques ».
b) La Semaine Catholique de Toulouse de la semaine du 9 février 1868, N° 6 page 70
Lundi dernier (3 février 1868), jour de Saint Blaise, la paroisse de Seysses a célébré la triple fête de son patron…et l’inauguration du nouvel orgue… A la grand-messe, le nouvel orgue de MM.Théodore Puget père & fils a fait entendre de délicieuses harmonies. Cet instrument se fait remarquer par ses jeux d’une fraîcheur et d’une finesse incomparables dans son Récit expressif et par la belle sonorité et la rondeur de ses jeux de fonds, et son grand jeu. Monsieur l’abbé Cazes, Curé de Forgues…a fait ressortir le soir l’avantage de la musique d’orgue dans l’église, et après un bref discours, a appelé les bénédictions du Ciel sur l’instrument et ses habiles facteurs.
c) Programme du concert inaugural
Dimanche 16 décembre 2001 Michel Bouvard, orgue – Patrick Pagès, trompette
Johann Sebastian Bach (1685-750)
Toccata et fugue en ré mineur
Choral « Nun Komm der Heiden Heiland »
Giuseppe Torelli (1650-1708) Concerto en Ré majeur pour orgue et trompette
Alexandre Pierre François Boely (1785-1858) Andante Moderato Toccata
Jean Bouvard (1905-1996) Variations sur un vieux Noël français Noël provençal
Georg Friedrich Haendel (1685-1759) Suite en ré majeur pour orgue et trompette